C’était un moment étrange et beau. Une forme de retrouvailles avec quelqu’un qu’on n’a jamais quitté. La matérialisation d’un rêve (…)
|
C’était un moment étrange et beau. Une forme de retrouvailles avec quelqu’un qu’on n’a jamais quitté. La matérialisation d’un rêve (…)
|
Sa bouche se trouve désormais à moins de quatre centimètres de la mienne. Les battements de nos cœurs se confondent. Trois centimètres. Le bout légèrement froid de son nez et le mien font de l’escrime douce. |
Les lèvres de la fille invisible s’entrouvrirent doucement. Je sentais ses paupières de trop grande poupée se fermer contre les miennes. Le radiateur de sa poitrine vint se nicher contre mon torse. Ses doigts glissaient autour de ma nuque comme les plus voluptueux serpents du monde. Ils remontèrent le long de ma crinière de vieil écureuil. Mes mains, qui connaissaient son corps par cœur, trouvèrent leur place au bord de ses hanches. Le souffle en ré mineur de ses poumons caressait mes joues. Sa bouche palpitait toute pulpe dehors à cinq centimètres de la mienne. Je fermai les yeux à mon tour en songeant au visage que je découvrirai lorsque je les ouvrirai.
|
Je sens que le passé est en train de te reconquérir. Je le sens. Si je ne me dépêche pas d’apparaître, c’est toi qui vas disparaître.
|
– Tu es ton pire ennemi, mon vieux! Le plus impitoyable, le plus maladroit et le plus difficile à contrôler. – Moi? – Et si tu ne t’en rends pas compte, c’est que tu es encore plus dangereux que je le pensais. |
Elle m’avait pris avec mes carrioles emplies de démons plus angoissants les uns que les autres, les avait accrochées aux siennes et avançait. Je ne me voyais pas lui faire ce que j’avais souffert qu’on me fasse. Je ne pouvais pas mettre l’amour sur une balance et dire qui était le grand vainqueur. Leur densité était trop éloignée, il faudrait presque deux mots différents pour qualifier ces deux amours. Des synonymes siamois attachés par le cœur qui se font mal l’un à l’autre et ne peuvent pas se regarder. |
Se laisser du temps, sans s’en laisser trop. Mais plus il passait, plus j’avais tort. Je vivais au sommet d’une montagne de contradictions. L’amplitude thermique était redoutable. Nous avions retiré nos plaintes à la gendarmerie des sentiments, mais l’incompréhension perdurait, elle s’ancrait même. Cette hypersensibilité l’un à l’autre qui nous avait donné tant d’élan auparavant se retournait contre nous. Un rien prenait des conséquences énormes. Tout arrivait trop tard ou trop tôt. Tout blessait.
|
Le poids de son abandon me donnait le droit inconscient de me reconstruire ailleurs. Le réflexe de survie de l’animal blessé, en quelque sorte.
|
Et puis on se disait au revoir sur un bout de trottoir, et elle retournait dans le chez elle qui avait été chez nous. On aurait dit deux survivants d’un duel de western où chacun aurait blessé l’autre sans faire exprès. Ni elle ni moi n’avions de balles dans nos revolvers, alors on papotait dans les décombres. On faisait même des blagues, un peu.
|
Mais qui aimes-tu? C’est ça, la question, la seule question d’ailleurs!(…) Qu’est-ce que tu sens au fond de toi? Comme ça, sans réfléchir, sans prendre en considération le temps, le mal que tu pourrais faire ou te faire… Si tu fermes les yeux et dis un nom, c’est lequel?
|
Gregorio Samsa es un ...