Una sirena en París

Il avait mieux que tout, une véritable sirène. Avec des écailles en saphir et une voix qui brise le cœur dès les premières notes, au sens propre.

La joie l’inondait si fort que son cœur le brûlait. Les démons de l’enthousiasme étaient en train de reprendre le contrôle.

L’amour réclamait un nouveau duel et cette fois, Gaspard n’avait plus d’autre choix que de l’affronter.

Il sentit son cœur se serrer. Son meilleur ennemi semblait de retour. Avec ses lumières aveuglantes et ses picotements dans le ventre. L’amour! Cette joie acide qui réveillait les fantômes en chantant. Loin des amourettes en flammèches qu’on éteint avec les doigts. Le grand feu, celui qu’on allume à la Saint-Jean et qu’il faut traverser en sautant dans la nuit.

Le son d’un instrument qui se brise vous arrache le cœur. C’est un des plus tristes bruits de l’histoire des bruits.

Lula se surprit à attendre le retour de Gaspard et à espérer que son cœur n’explose pas, et plus seulement pour lui permettre de regagner les abysses. Seuls les dieux étaient censés lui résister, mais elle n’en avait jamais rencontré. Ou alors, c’étaient pas vraiment des dieux. En tout cas, ils étaient tous morts.

Au loin, dans les catacombes de sa mémoire, derrière les ombres, subsistait un écho. Une sensation. Un souvenir presque effacé. Quelque chose s’était pourtant passé, avant les catastrophes…
(…) Que se passerait-il si elle retombait amoureuse? Est-ce que son pouvoir se retournerait contre elle?

C’est normal. S’installer dans un grand cœur comme le sien, sans chauffage ni électricité, ça peut faire peur. Mais vous allez tout rallumer et ce sera fantastique. Il n’attend que ça, qu’on le rallume!

Certains vivent mieux que d’autres sans amour, j’ai cru que j’en étais capable, mais c’était une connerie. Et au fond de moi, je le sais très bien.

Tout ce qui ressemblait à la joie lui donnait des haut-le-cœur. La moindre émotion positive l'affectait, l'infectait. Le canal de l'émerveillement s'était écroulé (…)