Aires de Marcus Malte
Comment peut-on être sûr que c’est terminé ? J’ai une réponse à ça. Imagine du thé. Tu adorais le thé, je me souviens. Tu étais capable d’en ingurgiter des litres. Imagine une grande tasse de thé bouillant posée devant toi. Tu meurs d’envie de le boire, ce thé, mais tu ne peux pas. Parce que c’est trop chaud. Et le truc, c’est que ça ne refroidit jamais. Tu as beau attendre, tu as beau souffler dessus, rien à faire. Tu trempes les lèvres pour vérifier : tu te brûles. Toujours aussi chaud. Le thé est là sous ton nez, mais impossible de le boire. Ça, c’est l’amour. I LOVE YOU. (…) AND TEA FOR TWO. Et puis un matin, il est froid. Va savoir pourquoi. C’est un fait: le thé est froid. Tiède disons. Tu es surpris. Tu ne t’y attendais plus. Tu en bois une gorgée, mais il n’a plus de goût. Le goût est passé. Ou bien c’est la soif. L’envie. À cet instant tu comprends que ça y est, c’est fini. Pour de bon. Tu le sais. Et tu sais aussi que ça ne reviendra pas. C’est irrémédiable. Le thé ne sera plus jamais chaud. Tu n’auras plus jamais envie de le boire. Alors, tu restes comme ça un moment, sans trop savoir quoi faire. Décontenancé. Et puis tu repousses doucement la tasse sur la table. Tu te sens un peu triste, mais tu es soulagé aussi. Tu soupires. Tu te lèves. Tu vides le thé dans l’évier. Et puis tu vas te préparer un café noir. THE END. + Leer más |