Ueno Park de Antoine Dole
On aura l’air, nous aussi, de vivre ce même moment de communion et de partage, et tout restera dissimulé sous le masque: les non-dits, les colères, l’ennui seront noyés sous le vernis.Tous les cris contenus, inaudibles et sourds. C’est ainsi que ça se passe quand on essaie de vivre l’existence de quelqu’un d’autre. Sans parler. Sans se dire. Sans se raconter. Peut-être, aussi, sans s’infliger aux autres. Des silences, pas de cris. Le sourire plutôt que les larmes. Je les regarde un bref instant, tous ces inconnus, accrocher leur cœur au sommet des branches. Qu’est-ce qu’ils espèrent? Le printemps a fait mentir toutes nos promesses d’automne. On sait bien que ces fleurs qui s’apprêtent à éclore ne sont que des regrets qu’on a abandonnés là. Pas d’enchantement là dedans. Pas de joie à avoir. Pas d’euphorie. Nous ne sommes que des mensonges. Je l’ai vu sur le visage de ma mère, il y a six ans, alors que nous pensions voir venir la fin: nous ne sommes rien, en vérité. (NATSUKI) |