Éloge du risque

Le risque créé de l’événement. Il donne forme à une pure singularité, à cela qui n’adviendra qu’une fois.
L’événement défait la temporalité requise pour inventer un autre temps, ce à partir de quoi un autre monde, un autre regard s’inaugure. Ce commencement est un autre nom du risque. Sans quoi l’invention du monde à chaque instant renouvelée n’aurait pas lieu et le monde que nous connaissons se serait déjà achevé. Cette capacité prodigieuse à produire du hors trace, de l’irreprésentable, maintient ce monde que nous connaissons dans sa possibilité d’être.

Contre l’étrangeté du monde, l’écriture invente un langage pour traduire l’intraduisible, pour faire entendre l’innommable et tenter, d’y inscrire une forme nouvelle. Ainsi naît une langue à soi, pour paraphraser Virginia Woolf, une enceinte particulière où le sujet à l’abri pour un temps a négocié son passage dans la tourmente du réel.