Le Livre d'or de la poésie française (des origines à 1940) de Pierre Seghers
Ton ombre est couleur de la pluie, De mes regrets, du temps qui passe. Elle disparaît et s'efface Mais envahit tout, à la nuit... (Francis Carco) |
Le Livre d'or de la poésie française (des origines à 1940) de Pierre Seghers
Ton ombre est couleur de la pluie, De mes regrets, du temps qui passe. Elle disparaît et s'efface Mais envahit tout, à la nuit... (Francis Carco) |
Le Livre d'or de la poésie française (des origines à 1940) de Pierre Seghers
FACILE Tu te lèves l'eau se déplie Tu te couches l'eau s'épanouit Tu es l'eau détournée de ses abîmes Tu es la terre qui prend racine Et sur laquelle tout s'établit Tu fais des bulles de silence dans le désert des bruits Tu chantes des hymnes nocturnes sur les cordes de l'arc-en-ciel, Tu es partout tu abolis toutes les routes Tu sacrifies le temps A l'éternelle jeunesse de la flamme exacte Qui voile la nature en la reproduisant Femme tu mets au monde un corps toujours pareil Le tien Tu es la ressemblance. (Paul Eluard) |
Le Livre d'or de la poésie française (des origines à 1940) de Pierre Seghers
LE GRAND COMBAT Il l'emparouille et l'endosque contre terre ; Il le rague et le roupète jusqu'à son drâle ; Il le pratèle et le libucque et les barufle les ouillais ; Il le tocarde et le marmine, Le manage rape à ri et ripe à ra. Enfin il l'écorcobalisse. L'autre hésite, s'espudrine, se défaisse, se torse et se ruine. C'en sera bientôt fini de lui; Il se reprise et s'emmargine... mais en vain Le cerveau tombe qui a tant roulé. Abrah ! Abrah ! Abrah ! Le pied a failli ! Le bras a cassé ! Le sang a coulé ! Fouille, fouille, fouille, Dans la marmite de son ventre est un grand secret. Mégères alentour qui pleurez dans vos mouchoirs ; On s'étonne, on s'étonne, on s'étonne Et on vous regarde, On cherche ainsi, nous autres, le Grand Secret. (Henri Michaux) |
Le Livre d'or de la poésie française (des origines à 1940) de Pierre Seghers
AIR DU POETE Au pays de Papouasie J' ai caressé la Pouasie... La grâce que je vous souhaite C'est de n'être pas Papouète. (Léon-Paul Fargue) |
Le Livre d'or de la poésie française (des origines à 1940) de Pierre Seghers
LA FEMME Mais maintenant vient une femme, Et lors voici qu’on va aimer, Mais maintenant vient une femme Et lors voici qu’on va pleurer, Et puis qu’on va tout lui donner De sa maison et de son âme, Et puis qu’on va tout lui donner Et lors après qu’on va pleurer Car à présent vient une femme Avec ses lèvres pour aimer, Car à présent vient une femme Avec sa chair tout en beauté, Et des robes pour la montrer Sur des balcons, sur des terrasses, Et des robes pour la montrer A ceux qui vont, à ceux qui passent, Car maintenant vient une femme Suivant sa vie pour des baisers, Car maintenant vient une femme Pour s’y complaire et s’en aller. (Max Elskamp ) |
Le Livre d'or de la poésie française (des origines à 1940) de Pierre Seghers
ALLO Mon avion en flammes mon château inondé de vin du Rhin mon ghetto d'iris noirs mon oreille de cristal mon rocher dévalant la falaise pour écraser le garde-champêtre mon escargot d'opale mon moustique d'air mon édredon de paradisiers ma chevelure d'écume noire mon tombeau éclaté ma pluie de sauterelles rouges mon île volante mon raisin de turquoise ma collision d'autos folles et prudentes ma plate-bande sauvage mon pistil de pissenlit projeté dans mon oeil mon oignon de tulipe dans le cerveau ma gazelle égarée dans un cinéma des boulevards ma cassette de soleil mon fruit de volcan mon rire d'étang caché où vont se noyer les prophèthes distraits mon inondation de cassis mon papillon de morille ma cascade bleue comme une lame de fond qui fait le printemps mon revolver de corail dont la bouche m'attire comme l'oeil d'un puits scintillant glacé comme le miroir où tu contemples la fuite des oiseaux mouches de ton regard perdu dans une exposition de blanc encadrée de momies je t'aime (Benjamin Péret) + Leer más |
Le Livre d'or de la poésie française (des origines à 1940) de Pierre Seghers
CHANSON Grande peine m'est advenue Pour un chevalier que j’ai eu, Je veux qu'en tous les temps l’on sache Comment moi, je l’ai tant aimé ; Et maintenant je suis trahie, Car je lui refusais l'amour J’étais pourtant en grand’ folie Au lit comme toute vêtue. Combien voudrais mon chevalier Tenir un soir dans mes bras nus, Pour lui seul, il serait comblé Je ferais coussin de mes hanches ; Car je m’en suis bien plus éprise Que ne fut Flore de Blanchefleur. Mon amour et mon cœur lui donne Mon âme, mes yeux, et ma vie. Bel ami, si plaisant et bon Si vous retrouve en mon pouvoir Et me couche avec vous un soir Et d’amour vous donne un baiser Nul plaisir ne sera meilleur Que vous, en place de mari Sachez-le, si vous promettez De faire tout ce que je voudrais. La comtesse de Die - Siglo XII |
La edad de la inocencia