Le Livre d'or de la poésie française (des origines à 1940) de Pierre Seghers
VIRELAI Je chante par couverture Mais mieux pleurerait mon œil, Nul ne connaît le travail Que mon pauvre cœur endure. Si je cache ma douleur, C’est qu’en nul n’est pitié ; Plus a-t-on cause de pleurs Moins trouve-t-on d’amitié. Pour ce plainte ni murmure Ne fais de mon piteux deuil ; Mais je ris quand pleurer vueil Et sans rime et sans mesure, Je chante par couverture. Rapporte peu de valeur De se montrer affligé, Ne le tiennent qu’à folour Ceux qui restent enjoués. Donc n’ai de démontrer cure L’intention que je veux ; Mais tout ainsi que je peux, Pour céler ma peine obscure, Je chante par couverture. (Christine de Pisan - XVème siècle) |