Ueno Park de Antoine Dole
Mais hier soir, j’ai retrouvé une fleur de cerisier séchée, entre les pages d’un cahier. Je l’avais déposée là, après la mort de grand-père, comme on tente naïvement de capturer un moment, juste un peu. Mais je n’avais dérobé que la fleur, rien du reste. Le temps ne se laisse pas berner. Ses couleurs étaient devenues ternes et jaunies. Ses pistils s’étaient décomposés. Il ne restait de ses jolis pétales qu’une pellicule sèche. Rien de doux, rien de vivant. Rien de mon grand-père. Les souvenirs, c’est tout ce qu’il reste de nous quand la vie file sans nous laisser le temps de la serrer contre soi, plus fort. La fleur de cerisier s’est effritée entre mes doigts. J’avais beau la manipuler doucement, elle n’a pas résisté à ce retour parmi les vivants. J’ai pleuré. Pour la première fois. J’ai ressenti quelque chose. Je voulais taper les murs. Les frapper de toutes mes forces. Je voulais hurler. Mais je suis restée là. (AYUMI) |