Ueno Park de Antoine Dole
J’avais eu la note maximum à mon examen. Toutes ces nuits sans dormir, ces heures à réviser, cette solitude immense étaient là, sous mes yeux. Je n’ai pas quitté les chiffres du regard pendant plusieurs stations. Tout ce que j’étais, tout ce qui me constituait tenait là, sur une minuscule ligne. Je ne ressentais rien. Ni fierté, ni satisfaction. Je savais que mes parents en attendraient encore plus après ça. Que jamais je n’en ferais assez. Je n’étais plus qu’une sensation de vide, tout ce dont j’étais capable était là devant moi et je ne serais plus rien au-delà. J’étais le plus possible, la finalité, l’aboutissement. J’en étais convaincue. Tout ce qui suivrait, je ne men sentais plus capable. C’est là que j’ai ressenti comme une fissure se propager en moi. D’abord un léger éclat sur le vernis de mon existence. Puis finalement, ça s’est étendu d’un bout à l’autre de ma vie. Cet uniforme, cette coiffure, et jusqu’à ma façon de me tenir droite en permanence. Je ne savais plus qui j’étais. (AYUMI) |