Naissance des coeurs de pierre

Quand Aude ferme les yeux, c’est le visage de Mathieu qui se dessine sur son écran mental. Rayonnement chaud, comme une onde amoureuse se propageant à travers le corps. Et ça met de la tendresse dans sa voix, dans ses gestes, ça propage la douceur jusqu’au bout de ses doigts, sur chaque chose qu’elle touche de ce monde. Ça déforme tout ! Une magie qu’elle peine à dissimuler et qu’elle résume à un simple sourire, constant et impossible à étouffer.

Cet amour qu’il n’a appris nulle part, et auquel jamais personne autour de lui n’a voulu donner de sens (…) c’est ce qu’il ressent de plus vif et de plus beau. Une chaleur intense, qui dissipe la peur et l’inquiétude. (…) Ce lien, c’est la vérité la plus solide en ce monde. Ça le transperce, ça le traverse.

Mais les émotions n’ont pas de noms dans ce monde où ils vivent. Si les enfants peuvent encore les ressentir, il faut les taire, les taire jusqu’à les oublier, et que les adultes ne doivent rien en savoir. Car sinon, on « disparaît ».

Elle est tombée amoureuse avec ce cœur des premières fois, tout sens dessus dessous.

Il y a eu des mots sucrés, doux au-dedans, du genre du ceux qu’on prononce à moitié et qu’on laisse fondre tendrement. Elle les a sentis se diluer comme du sirop. Son cœur s’est mis à briller de toutes les couleurs possibles quand il les a murmurés à son oreille.

Il sait comment lui parler. Il sait ce qu’il faut dire. C’est le problème avec les gens qui connaissent cette magie depuis déjà longtemps. Il sait quelles sont les formules qui peuvent lui donner vie, comme on invoque un charme avec des mots tout faits.