Histoire des croisades, illustrée de 100 grandes compositions (Ed.1877) de Joseph-François Michaud
Le souverain pontife s'adressait à toutes les nations chrétiennes ; il s'adressait surtout aux Français : « C'est dans leur courage que l'Eglise plaçait son espoir ; c'est parce qu'il connaissait leur bravoure et leur piété, qu'il avait traversé les Alpes et qu'il leur apportait la parole de Dieu. » Á mesure que le pontife prononçait son discours, ses auditeurs se pénétraient des sentiments dont il était animé ; il cherchait tour-à-tour à exciter dans le cœur des chevaliers et des barons qui l'écoutaient, l'amour de la gloire, l'ambition des conquêtes, l'enthousiasme religieux, et surtout la compassion pour leurs frères les chrétiens. « Quelle voix humaine, leur disait-il, pourra jamais raconter les persécutions et les tourments que souffre la race des élus, le peuple que Dieu a choisi ? La rage impie des Sarrasins n'a respecté ni les vierges du Seigneur, ni le collège royal des prêtres. Ils ont chargé de fers les mains des infirmes et des vieillards ; des enfants arrachés aux embrassements maternels oublient maintenant, chez les barbares, le nom du Dieu véritable ; les hospices qui attendaient les pauvres voyageurs sur la route des saints lieux, ont reçu sous leur toit profané une nation perverse ; le temple du Seigneur a été traité comme un homme infâme, et les ornements du sanctuaire ont été enlevés comme des captifs. Que vous dirai-je de plus ? Au milieu de tant de maux, qui aurait pu retenir dans leurs demeures désolées les habitants de Sion, les gardiens du Calvaire, les serviteurs et les concitoyens de l’Homme-Dieu, s'ils ne s'étaient pas imposé la loi de recevoir et de secourir les pèlerins, s'ils n'avaient pas craint de laisser sans prêtres, sans autels, sans cérémonies religieuses, une terre toute couverte encore du sang de Jésus-Christ ?
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